21. Je suis sur que vous avez réalisé beaucoup de choses sur le plan du développement social, de l’Eglise de Bissi-Mafou. Pourriez-vous nous parler des greniers paroissiaux ? Comment sont-ils nés ? Et quel est leur fonctionnement ?
Pour ce qui concerne les greniers paroissiaux, l’idée est née il y a déjà quelques années, pendant une période assez critique au niveau des récoltes des céréales ; donc le conseil paroissial s’est rencontré, a partagé son souci par rapport au risque de disette et il a proposé cette initiative que je trouve tout à fait intéressante : la paroisse s’engageait à construire trois greniers dans trois secteurs différents de notre grande paroisse, et en revanche elle demandait aux gens de venir avec leurs céréales pour les stocker et pouvoir les récupérer à la fin de la saison abondante ; cela pour éviter d’utiliser arbitrairement le mil de la maison pour produire le bil-bil (bière traditionnelle à base de mil rouge) et de tomber ainsi dans des situations difficiles de famine, très fréquentes dans beaucoup de foyers ! Le mil dans les greniers paroissiaux est bien conservé et reste toujours propriété des paroissiens qui ne peuvent pas venir le reprendre avant le temps établi par la « commission des greniers » ; cela a aidé beaucoup des gens a apprendre à bien gérer leurs céréales et à ne pas gaspiller leurs produits de la terre pour produire boissons alcoolisées qui sont devenues un véritable fléaux au sud du Tchad !
22. Auriez-vous réalisé d’autres choses qui vont dans la même direction que celle des greniers ?
D’autres réalisations au niveau de développement il y en a eues : on a fait des forages pour assurer dans des différentes zones de la paroisse des « points d’eau potable » qui puissent être utilisés soit pour les besoins des foyers, soit pour donner à boire au bétail notamment pendant la saison sèche et aride !
Nous avons aussi voulu diffuser des moto pompes pour mieux arroser les vergers des paysans qui voulaient améliorer leurs cultures maraichères ! J’ai vu que cela a aidé bien de familles à réaliser des vergers très productifs aussi pendant la saison sèche.
23. Selon votre constat décennal, est-ce que les chrétiens de Bissi sont-ils créatifs ? Oui ou non ?
La population locale est très créative, mais elle a souvent besoin d’être aidée à faire des choix nouveaux qui puissent améliorer la qualité de la production ; parfois nos gens se contentent du peu que la terre leur donne… et cela ne suffit pas pour développer les familles, les villages ! Il faut dire que la culture traditionnelle locale (certaines chefferies) ne favorisent pas du tout le développement des familles ; car développement signifie « changement » d’habitudes, capacité de réaliser des nouveaux projets, désir de nouveautés, tendance à sortir de la manière de vivre établie par la société locale (qui est assez rigide, qui pose un contrôle social assez strict et qui n’aime pas trop voir des citoyens qui se prennent des libertés par rapport au « statu quo » !
L’Eglise a toujours joué un rôle très important en cela… en aidant les chrétiens à réfléchir à une amélioration de leur bien être socio-économique !
24. Pourriez-vous nous parler de deux Bibliothèques qui existent dans la paroisse de Bissi-Mafou ? Qui pourvoit à leur fonctionnement ordinaire ? Quelle est leur origine ? Leur visée ?
Les deux bibliothèques sont des points de « repère » très importants pour favoriser l’agrégation de la jeunesse locale et pour donner la possibilité de faire grandir la culture des gens et des villages en général. Beaucoup de jeunes ont compris l’importance de l’enjeu et désormais, chaque année, organisent des semaines culturelles à l’aide des proviseurs et des professeurs des Lycées de notre milieu ; leur origine remonte à il y a une vingtaine d’années, grâce à un dialogue très constructif et apprécié entre intellectuels, élèves, parents et Eglise locale ; le but était de faire « rencontrer » la jeunesse (el les adultes qui le désirent) autour de la culture et des problèmes sociales et traditionnels, en dehors…bien sur, des marchés à boissons ! Le chemin à parcourir ensemble est encore très long, mais beaucoup ont déjà compris que la culture et le débat sur les grands sujets de la vie moderne et traditionnelle restent un lieu « stratégique » sur lequel poser les fondations d’un avenir plus prometteur et heureux pour notre société africaine !
25. Croyez-vous que l’homme moundang est-il prompt à dénoncer une injustice dans son milieu, ou bien a-t-il la tendance de « fermer un œil » ? Pourquoi cela ?
L’homme, n’importe de quelle ethnie ou culture il appartient, il possède toujours un cœur, une intelligence et il est par définition solidaire et proche des besoins de ses frères ! Parfois cette attitude naturelle est freinée par des désirs injustes dictés par l’égoïsme, la soif du pouvoir et d’argent ; cela porte beaucoup d’autorités et des chrétiens aussi à piétiner les droits de leurs concitoyens et frères ; un climat de peur et de méfiance s’instaure souvent dans beaucoup de villages et les gens craignent de dénoncer les abus et les injustices, de peur de finir en prison ou devant les autorités ; donc parfois le silence prévaut sur la dénonciation des injustices ! Mais je peux témoigner que désormais dans les villages la sensibilité à l’égard d’une vie plus juste et respectueuse des droits et devoirs de chacun, est en train de se développer à tout azimut !
26. A votre avis, les Moundang sont-ils en train d’évoluer vers la modernité ou sont-ils restés ancrés à la tradition ancestrale ?
Tout homme désire améliorer sa qualité de vie et de relation ! Tous, les Moundangs aussi, apprécient savourer les bonnes choses qui sont apportées par la modernité. Evidemment le gros défi d’aujourd’hui c’est de détecter ce qui est bon et ce qui est mauvais dans la société moderne ; l’Eglise a la tache d’aider la jeunesse, les foyers, les communautés chrétiennes… à réfléchir ensemble et à bien discerner ce que l’on peut accepter de la modernité et ce que on doit absolument rejeter !
Pour ce qui concerne les greniers paroissiaux, l’idée est née il y a déjà quelques années, pendant une période assez critique au niveau des récoltes des céréales ; donc le conseil paroissial s’est rencontré, a partagé son souci par rapport au risque de disette et il a proposé cette initiative que je trouve tout à fait intéressante : la paroisse s’engageait à construire trois greniers dans trois secteurs différents de notre grande paroisse, et en revanche elle demandait aux gens de venir avec leurs céréales pour les stocker et pouvoir les récupérer à la fin de la saison abondante ; cela pour éviter d’utiliser arbitrairement le mil de la maison pour produire le bil-bil (bière traditionnelle à base de mil rouge) et de tomber ainsi dans des situations difficiles de famine, très fréquentes dans beaucoup de foyers ! Le mil dans les greniers paroissiaux est bien conservé et reste toujours propriété des paroissiens qui ne peuvent pas venir le reprendre avant le temps établi par la « commission des greniers » ; cela a aidé beaucoup des gens a apprendre à bien gérer leurs céréales et à ne pas gaspiller leurs produits de la terre pour produire boissons alcoolisées qui sont devenues un véritable fléaux au sud du Tchad !
22. Auriez-vous réalisé d’autres choses qui vont dans la même direction que celle des greniers ?
D’autres réalisations au niveau de développement il y en a eues : on a fait des forages pour assurer dans des différentes zones de la paroisse des « points d’eau potable » qui puissent être utilisés soit pour les besoins des foyers, soit pour donner à boire au bétail notamment pendant la saison sèche et aride !
Nous avons aussi voulu diffuser des moto pompes pour mieux arroser les vergers des paysans qui voulaient améliorer leurs cultures maraichères ! J’ai vu que cela a aidé bien de familles à réaliser des vergers très productifs aussi pendant la saison sèche.
23. Selon votre constat décennal, est-ce que les chrétiens de Bissi sont-ils créatifs ? Oui ou non ?
La population locale est très créative, mais elle a souvent besoin d’être aidée à faire des choix nouveaux qui puissent améliorer la qualité de la production ; parfois nos gens se contentent du peu que la terre leur donne… et cela ne suffit pas pour développer les familles, les villages ! Il faut dire que la culture traditionnelle locale (certaines chefferies) ne favorisent pas du tout le développement des familles ; car développement signifie « changement » d’habitudes, capacité de réaliser des nouveaux projets, désir de nouveautés, tendance à sortir de la manière de vivre établie par la société locale (qui est assez rigide, qui pose un contrôle social assez strict et qui n’aime pas trop voir des citoyens qui se prennent des libertés par rapport au « statu quo » !
L’Eglise a toujours joué un rôle très important en cela… en aidant les chrétiens à réfléchir à une amélioration de leur bien être socio-économique !
24. Pourriez-vous nous parler de deux Bibliothèques qui existent dans la paroisse de Bissi-Mafou ? Qui pourvoit à leur fonctionnement ordinaire ? Quelle est leur origine ? Leur visée ?
Les deux bibliothèques sont des points de « repère » très importants pour favoriser l’agrégation de la jeunesse locale et pour donner la possibilité de faire grandir la culture des gens et des villages en général. Beaucoup de jeunes ont compris l’importance de l’enjeu et désormais, chaque année, organisent des semaines culturelles à l’aide des proviseurs et des professeurs des Lycées de notre milieu ; leur origine remonte à il y a une vingtaine d’années, grâce à un dialogue très constructif et apprécié entre intellectuels, élèves, parents et Eglise locale ; le but était de faire « rencontrer » la jeunesse (el les adultes qui le désirent) autour de la culture et des problèmes sociales et traditionnels, en dehors…bien sur, des marchés à boissons ! Le chemin à parcourir ensemble est encore très long, mais beaucoup ont déjà compris que la culture et le débat sur les grands sujets de la vie moderne et traditionnelle restent un lieu « stratégique » sur lequel poser les fondations d’un avenir plus prometteur et heureux pour notre société africaine !
25. Croyez-vous que l’homme moundang est-il prompt à dénoncer une injustice dans son milieu, ou bien a-t-il la tendance de « fermer un œil » ? Pourquoi cela ?
L’homme, n’importe de quelle ethnie ou culture il appartient, il possède toujours un cœur, une intelligence et il est par définition solidaire et proche des besoins de ses frères ! Parfois cette attitude naturelle est freinée par des désirs injustes dictés par l’égoïsme, la soif du pouvoir et d’argent ; cela porte beaucoup d’autorités et des chrétiens aussi à piétiner les droits de leurs concitoyens et frères ; un climat de peur et de méfiance s’instaure souvent dans beaucoup de villages et les gens craignent de dénoncer les abus et les injustices, de peur de finir en prison ou devant les autorités ; donc parfois le silence prévaut sur la dénonciation des injustices ! Mais je peux témoigner que désormais dans les villages la sensibilité à l’égard d’une vie plus juste et respectueuse des droits et devoirs de chacun, est en train de se développer à tout azimut !
26. A votre avis, les Moundang sont-ils en train d’évoluer vers la modernité ou sont-ils restés ancrés à la tradition ancestrale ?
Tout homme désire améliorer sa qualité de vie et de relation ! Tous, les Moundangs aussi, apprécient savourer les bonnes choses qui sont apportées par la modernité. Evidemment le gros défi d’aujourd’hui c’est de détecter ce qui est bon et ce qui est mauvais dans la société moderne ; l’Eglise a la tache d’aider la jeunesse, les foyers, les communautés chrétiennes… à réfléchir ensemble et à bien discerner ce que l’on peut accepter de la modernité et ce que on doit absolument rejeter !