Présentation du Blog sur le TCHAD

une aventure sur les pas d'un missionnaire au Tchad































































sabato 27 marzo 2010

CONVERSATIONS SUR LE TCHAD






LE SERVICE MISSIONNAIRE À L’EGLISE
DE BISSI-MAFOU AU TCHAD


Conversations africaines entre le Père Roberto Collarini
et Norbert Souvalbé Padeu


Jérusalem (Israël), le 28 mars 2010
Fête des Rameaux

« Alors, les apôtres, du Mont des Oliviers, ils s’en retournèrent à Jérusalem ; la distance n’est pas grande : celle d’un chemin de sabbat. Rentrés en ville, ils montèrent à la chambre haute (le cénacle) où ils se tenaient habituellement… Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière avec quelques femmes, dont Marie mère de Jésus, et avec ses frères ! »

(Actes des Apôtres 1, 12-14)

« Le jour de la Pentecôte étant arrivé, ils se trouvaient tous ensemble en ce même lieu, quand, tout à coup, vint du ciel un bruit tel que celui d’un violent coup de vent, qui remplit toute la maison où ils se tenaient. Ils virent apparaitre des langues de feu ; elles se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent remplis de l’Esprit Saint et commencèrent à parler en d’autres langues, selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer » (Actes des Apôtres 2, 1-4)

« Tous les croyants ensemble mettaient tous leurs biens en commun ; ils vendaient leurs propriétés et leurs biens et en partageaient le prix entre tous les frères selon les besoins de chacun. Nul n’était dans le besoin. Jour après jour, d’un seul cœur, ils fréquentaient assidument le Temple et rompaient le pain dans leur maison, prenant la nourriture avec allégresse et simplicité de cœur. Ils louaient Dieu et avaient la faveur de tout le peuple. Et chaque jour, le Seigneur adjoignait à la communauté ceux qui seraient sauvés ! » (Actes des Apôtres 2, 44-47)


INTRODUCTION

Cette interview nait de l'initiative d'un jeune ami tchadien, Norbert Souvalbé Padeu, qui depuis deux ans est séminariste du Grand-Séminaire « Mbaga Tuzindé » de Sarh ! Il est un jeune homme issu de Bissi-Mafou (village d’Elsyon) et depuis quelques années il est en train de suivre son cheminement vocationnel pour devenir prêtre du Diocèse de Pala où j'ai desservi la Mission catholique de Bissi pendant une décennie. Il y a quelques mois, Norbert m’avait soumis des papiers remplis de questions intéressantes concernant mes dix intenses années comme curé de Bissi-Mafou.
Enfin, je me suis décidé à commencer à lui répondre et aujourd'hui je prends le "courage par la main" et je tache d'improviser une "conversation ouverte" en partant de ses intéressantes questions qu'il m’avait confiées avant de quitter le Tchad en Décembre 2009 ; je le fais ici dans l’ambiance calme et « priante » de la ville sainte de Jérusalem où je me retrouve pour une période de récyclage et de ressourcement.


Ici dans le Cénacle (la chambre haute), l’Esprit Saint a donné origine à notre l’Eglise !
Tous ces lieux, qui respirent encore aujourd’hui la présence vivante de Jésus, je suis en train de les visiter avec grand recueillement et avec un cœur habité par la prière. J’avoue de garder chaque jour et dans chaque lieu visité en cette Terre Sainte, un intense souvenir fraternel et très fort pour chacun des chrétiens de ma paroisse de Bissi-Mafou.


Oui, ils sont tous ici avec moi, dans mes prières. Ici à Jérusalem Jésus à fondé l’Eglise en envoyant l’Esprit Saint sur ses apôtres réunis avec Marie au Cénacle ! Ici à Jérusalem toute notre histoire sacrée a commencée et continue de se répandre dans la Terre entière. Mon service au Tchad, dans la paroisse moundang de Bissi-Mafou, 10 ans durant, plonge tout à fait ses racines dans cet évènement extraordinaire qui fut, justement, la Pentecôte ; c’est en ce moment précis qu’on fait commencer la vie de l’Eglise et ici prend son départ tout envoi missionnaire aux lointains ! Oui, je peux le dire que l’histoire de mon service à l’Eglise du Tchad n’aurait jamais pu avoir lieu sans cette Pentecôte sur Jérusalem dont je viens de citer quelques passages !


« CONVERSATION » SUR DIX ANS DE MISSION AU TCHAD

1. En vous voyant vivre dans notre grande paroisse de Bissi, on a comme l’impression que tout dans l’ensemble a bien marché . Est-ce que cela n’est il pas une impression superficielle ? Ou bien vous partagé ce point de vue ?

R) Bien sur que le « travail » (ou mieux, le service) d’un curé dans une paroisse ce n’est pas de tout faire lui-même, mais notamment de promouvoir la participation de tout un chacun à la croissance humaine et spirituelle de la paroisse qui est comme une grande famille. Je m’explique mieux : ma tache, comme tout autre curé c’est de faire la synthèse des ministères ou des dons qui sont enfouis (cachés) dans les cœurs de tout paroissien. Difficile, n’est-ce pas ? C’est un service fascinant que de rechercher ensemble les dons que chacun porte dans son cœur et qu’il a reçu le jour de son Baptême pour les faire fructifier et de les mettre ensuite au service de toute la communauté chrétienne. Si chacun donne avec joie et compétence ce qu’il a reçu de Dieu, alors la communauté va grandir et consolider son unité soit dans le Christ soit entre chacun de ses membres !


2. Vous semblez être toujours actif et passionné dans votre service pastoral. Pouvez-vous nous dire comment vous organisez votre emploi du temps journalier ? Hebdomadaire ?


R) Voilà, j’essaie de vous dévoiler l’emploi du temps d’un curé ! Cela me fait sourire, car d’abord je tiens à le dire que si notre vie n’est pas imprégnée profondément par Jésus, tout ce que nous mettons au calendrier va être tout à fait inutile, stérile. Il le dit bien l’évangile de Jean 15 :

« Sans moi vous ne pouvez rien faire ! » Oui, Jésus dit exactement cela : rien ne peut réussir dans notre vie et dans notre « action pastorale » (apostolat) si nous ne rechargeons pas nos batteries en nous plongeant dans l’évangile !

Donc, pour revenir à l’emploi du temps de mes journées à Bissi :

levée à 5 h 30
Ste Messe à l’église à 6 h 00 – laudes à la petite chapelle de la mission avec les sœurs à 6 h 30 – 7 h 00 petit déjeuner – 7 h 15 : méditation sur la Parole de Dieu du jour et lecture de l’évangile du lendemain en moundang – 8 h 15 : début du travail ou bien départ sur quelques villages. Dans l’après midi, tout de suite après une courte sieste, tour dans le village, ou bien rencontre avec les paroissiens – 19 h 00 : vêpres à la chapelle avec les sœurs – souper du soir (repas) – nouvelles à la télé ou à la radio et temps pour préparer des rencontres pour le lendemain. Prière du Chapelet personnelle - Temps consacré aussi pour la lecture, l’envoi de quelques lettres, écoute de musique.
Pour ce qui concerne d’autres rendez-vous hebdomadaires j’avoue que chaque semaine prévoit des différents engagements, décidés au fur et à mesure !


3. D’après votre expérience missionnaire en milieu moundang, pouvez vous dire qu’existent-il des véritables « relations solidaires » dans nos villages ?

Quel genre de solidarité ?

R) Bien sur qu’il existe une solidarité entre les familles, entre les clans et notamment entre les personnes nécessiteuses. Les hommes de tout azimut géographique sont solidaires entre eux. Malheureusement quelques uns ont la tendance à ne jamais vouloir marcher de leur jambes et donc à s’appuyer toujours sur quelqu’un d’autre ! Ce le cas de l’arbre « gourmand » qui profite de la nourriture et de la sève de l’arbre sur lequel il s’est implanté. Je pense qu’il ne faut pas exagérer en profitant des frères sans jamais donner la pareille. Oui, le bon chrétien doit pouvoir incarner dans sa vie de chaque jour cet adage de Jésus « Il y a plus de joie à donner qu’à recevoir ! »… et cela est bien vrai et nous donne bien de bonheur et de liesse !

4. Comment comparez vous l’esprit créatif des catholiques, des protestants et des musulmans dans le commerce ?


R) On connait bien que les musulmans, ont enraciné dans leur ADN une spéciale habilité à faire du commerce et à réussir à tout prix dans leurs activités professionnelles. Et en cela il y a aussi une grande solidarité entre eux ; oui, les plus aisés donnent souvent un coup de pouce à ceux qui sont en train de s’orienter dans une activité commerciale. La réussite dans les activités économiques fait rebondir pour un bon musulman les bénédictions de la part d’Allah ! Ensuite la situation sociopolitique de notre pays le Tchad joue à faveur des musulmans qui peuvent ainsi agir sur tous les leviers des activités et des postes plus rémunérateurs de la société. Chrétiens catholiques et protestant, à cause de leur histoire au pays sont notamment occupés dans les activités agro-pastorales. A vrai dire, dans la dernière décennie, on peut remarquer un bondissement des chrétiens qui se sont bien plongés dans le petit commerce et qui sont en train de se débrouiller dans ce domaine. Le temps à venir nous dira la suite !

5. Aviez vous un comité paroissial de Justice et Paix ? Pourriez-vous nous dire quels ont été les problèmes rencontrés ? Y-a-il eu des résultats positifs ?


R) Bien sur que la paroisse de Bissi a mis sur pied depuis longtemps un Comité paroissial J/P. Le pape Paul VI en 1967 avait lancé l’invitation de promouvoir dans l’Eglise une sensibilité spéciale à l’égard de la justice à l’intérieur de l’Eglise et dans notre société civile. Oui, l’Eglise doit faire grandir à tout prix ses communauté à la lumière éblouissante de la Parole de Dieu qui se présente absolument comme le véritable défenseur des petits, des plus faibles. C’est évident que ceux qui travaillent pour la justice, à tout niveau, vont piétiner les intéresses personnels de certaines autorités locales, des « notables » ou bien des « grands » qui se sont bien assis dans les villages… qui vont bien sur rétorquer et réagir contre ceux qui les empêchent de pouvoir continuer à profiter de leur situation injuste et malhonnête !

L’action de Justice et Paix dans nos communauté est en train, petit à petit, de réveiller les consciences des chrétiens et de réduire la peur qui reste toujours à un niveau très élevé !

6. Durant les 10 années passés à Bissi-Mafou, combien de chrétiens vous avez baptisés ? Combien de mariages avez-vous célébrés ? Avez-vous donné d’autres sacrements qui ont marqué votre vie de prêtre ?

R) Il faut le dire que notre Eglise de Pala est encore une jeune Eglise (Elle fut fondée en 1964) et donc elle vient de commencer avec les chrétiens et les catéchumènes un

«cheminement» qui introduit à la VIE ADULTE CHRETIENNE; Pour cela on l'appelle justement (depuis les premiers siècles de l'histoire de l'Eglise) INITIATION CHRETIENNE.

Le mot le dis bien qu’on est en train de commencer, de débuter la route qui porte à CHERCHER, CONNAITRE, RENCONTRER, AIMER le CHRIST pour désirer ensuite de VIVRE avec lui !
Evidemment dans ce long chemin d’initiation (qui dure entre 4 et 6 ans) et qui prévoit la préparation au Baptême, à la Communion avec le Christ et à la Confirmation qui nous engage à vivre une foi adulte, c’est encore prématuré de penser à un cheminement successif qui prévoit aussi de construire des foyers chrétiens enracinés dans le Christ.

Le Diocèse de Pala, depuis quelques années, est en train d'etudier et de mettre "en place" des parcours pour préparer les catéchumènes et les chrétiens au Sacrement du Mariage... mais les pas à faire sont encore beaucoup et escarpés.


Dans beaucoup de milieux de notre région le MARIAGE est encore vécu par beaucoup de monde dans la forme traditionnelle ou bien (et cela c’est un phénomène très préoccupant) on est en train de constater de plus en plus la pratique négative des mariages par rapt ou précoces qui se produisent sans le consentement de la famille des époux ! Parfois les jeunes des villages veulent quitter brusquement leur famille et leurs traditions ancestrales qui sont devenues pour eux de plus en plus « étroites » et étouffantes ; comme cela la jeunesse se marie hâtivement pour quitter le village et se déplacer dans les grandes villes où le contrôle et la pression sociale sont évidemment moins contraignants !

Donc je dirai ici que dans nos paroisses il n'y a pas encore beaucop de chrétiens qui demandent le Sacrement du MARIAGE. Les temps ne sont pas mures pur ce pas, cet engagement chrétien en tant que couple ! Je crois avoir marié une vingtaine des couples en dix ans !


Mais le Sacrement que plus m'a touché en tant que pretre a été celui de la Réconciliation ! Bien de jeunes et d'adultes s'y approchèrent pour "relire leur vie" et la confronter avec l'évangile. Emouvant et édifiant aussi pour un pretre comme moi...pouvoir constater l'action de l'Esprit dans la vie de tout homme qui se met à la suite de Jésus !

Aussi le Sacrement de l'Onction des Malades m'a persuadé que Dieu peut faire des miracles si nous mettons, sans réserve et avec confiance, toute notre faiblesse et notre espoir entre les mains de Dieu, notamment lorque la maladie se fait grave et parfois désespérée !


... A SUIVRE très prochainement !

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