Présentation du Blog sur le TCHAD

une aventure sur les pas d'un missionnaire au Tchad































































domenica 28 marzo 2010

CONVERSATIONS SUR LE TCHAD... suite 2




7. Les jeunes vous demandaient-ils souvent des rencontres ou des partages fraternels sur la Parole de Dieu ?


Je tiens, tout d’abord, à dire que les jeunes tchadiens que j’ai connu, se présentent tout à fait comme tous les autres jeunes du monde entier : ils aiment la belle vie, ils se battent pour aboutir à un avenir plein d’espérance et pour pouvoir réussir leur vie ! Bien sur que leur "vie africaine" est naturellement imprégnée de fortes valeurs spirituelles, de sensibilité religieuse marquée qu'eux absorbent depuis leur vie ancestrale millénaire !
A propos de la question qui m’a été adressée j’y tiens à dire franchement que ce ne sont pas les jeunes qui m’ont demandé de mieux approfondir la BIBLE, mais cette intuition est venue aux membres du « Bureau de coordination de la Jeunesse paroissiale » qui se rencontrait une fois par mois.
En sachant bien que le JEUNE TCHADIEN n’ouvre pas spontanément son cœur ou sa conscience à n’importe qui… car l’intimité et la pudeur pour l’africain sont des « clés » rares que pas tout le monde peut recevoir (sauf si l’on est initiés ou bien si l'on est des véritables amis intimes !)


Cela nous a poussés, avec bonne confiance de réussite, à demander secours à la Bible !
Lorsqu’on organisait des SESSIONS BIBLIQUES et on décortiquait au fur et à mesure la Parole de Dieu en présentant quelques personnages bibliques fascinants… alors cela a déclenché le déclic en beaucoup de jeunes en leur donnant souvent le désir spontané d’ouvrir en grand leur cœur et leur vie personnelle, pour tenter de la comparaitre avec celle des LEURS COPINS rencontrés dans les pages de l’Ecriture Sainte ! En ce cas leur pudeur et discrétion « traditionnelles » laissaient bientot la place à des ouvertures extraordinaires et parfois émouvantes !

8. Quelqu’un parmi ces jeunes vous a, peut-être, demandé une bénédiction ou un sacramental pour mieux affronter les épreuves de la vie ?


Ce sont notamment les adultes qui venaient à la Mission pour demander quelques bénédictions sur un membre de leur famille ou de leur « clan », soit-il malade ou bien fragilisé ! Quelques jeunes ont demandé des prières ou bien des « intercessions » de ma part à l’occasion des examens, de moments difficiles de leur vie familiale, de sorcellerie… mais j’avoue qu’on pourrait les compter sur les doigts des deux mains !

9. Pourriez-vous nous avouer de tout cœur, si vous êtes rentré en Italie, le cœur plein de joie et d’espérance, ou non ? Et pourquoi ?


Bien sur que oui ! J’ai souffert de devoir quitter mes gens, notamment les jeunes avec lesquels j’avait donné non pas seulement des « consolations évangéliques » mais mon affection fraternelle, mon amour, mon amitié, mon temps personnel et je dirai aussi… le mieux de ma vie d’homme et de prêtre. Mais j'avoue qu'il y a de jeunes, des séminaristes, des jeunes prêtres et quelques adultes qui ont gardé avec moi un lien très fort, désintéressé et authentique . Je suis sur que toute relation fondée sur l’amour et la confiance (tel qui nous est proposé par Jésus dans l’évangile) ne finira jamais et plutôt se répandra à tache d’huile de manière à renouveller toute une communauté, un groupe, une famille, voire une société… par contagion ! Cela me donne, bien sur, beaucoup d’espérance et de bonheur !

10. A votre avis, les jeunes aiment-ils lire, réfléchir, partager les soucis de leur vie ? Les deux bibliothèques de la paroisse ont-elles été exploitées suffisamment ? Quelles en sont au juste les causes ?


Dans une société très structurée et hiérarchisée, comme celle tchadienne que j’ai connu… ce n’est pas évident de se mettre trop à réfléchir ! ou bien, si l’on veut être plus précis il faudrait dire qu’en Afrique noire on réfléchit "en groupe", en clan et non pas trop à niveau individuel ! Oui, ce sont des sociétés « solidaires », où il ne faut jamais rompre la "chaine" sociale; c'est dans un groupe "fort" et "solidaire" qu'on trouve la force et l'unité en se structurant d’une manière souvent rigide au niveau clanique et sociétaire.
Quelqu’un a affirmé (je crois à raison) que parfois la conscience personnelle est un petit peu atrophiée à cause d’une conscience sociale trop développée !
Donc, en tant qu'Eglise, nous avons du faire un long travail de sensibilisation au niveau de la jeunesse, dans les Lycées, dans les villages pour pousser les élèves à lire, à réfléchir aussi au niveau personnel, etc… Il faut savoir qu’au Tchad les Bibliothèques souvent remplacent le « vide culturel » laissé par l’Etat qui ne donne ni Bibliothèques scolaires adéquates ni livres aux élèves. Donc la Bibliothèque n’est pas tout à fait un « centre d’approfondissement culturel » mais plutôt un lieu où on y va pour emprunter un livre scolaire qui est au programme, ou bien un lieu où voir un beau film. Ensuite il faut le remarquer, la jeunesse est beaucoup attirée plutôt par les petits marchés de village qui sont des véritables pôles de rencontre sociale, de retrouvailles et de socialisation. Ceci, d’une certaine façon, détourne les jeunes soit du sport, soit de la culture, soit de l’opportunité offerte par nos paroisses de participer à des rencontres formatives ou juvéniles de qualité. Mais beaucoup de jeunes étudiants que j’ai connus sont en train de réfléchir à l’importance de cela… et les choses vont un jour changer ; petit à petit bien sur !

11. La jeunesse de Bissi s’intéresse-t-elle à la culture en lisant des livres ou bien des magazines ? S’intéresse-t-elle aux activités culturelles telles que : sport, théâtre, jeux concours, l’art, la musique ?


A cette question je crois avoir suffisamment répondu. Plus que les journaux et les magazines, presque inexistants au niveau local, je pense que la jeunesse s’informe en écoutant la Radio locale (RTN – Radio Terre Nouvelle), RFI, etc… Aussi des nombreux groupes théâtrales sont en train de se mettre en place dans les villages grâce au bon travail de sensibilisation des Centres Culturels appuyés par les Missions Catholiques et quelques Organismes Internationaux bienveillants ! L’art au Tchad est très peu développé, tandis que la musique fait bien bouger beaucoup de jeunes d’aujourd’hui !

12. Pensez-vous que notre jeunesse ait le souci de bien bâtir sa vie, son avenir ? A l’aide de qui ? Ou bien beaucoup parmi eux se livrent à l’alcool ou bien se contentent de « subir » passivement ou d’une manière fataliste leur « vie présente » ?


Bien sur que notre jeunesse tchadienne a envie, comme toute jeunesse du monde entier, de bâtir un avenir plus heureux et moins replié sur soi-même ! Le monde « globalisé », qui offre plus de bienêtre et qui défile à travers les média qui arrivent désormais aussi dans notre brousse tchadienne, nous fait voir qu’on peut vivre mieux, qu’on peut désirer plus pour nous et pour nos enfants !
A l’Eglise la difficile tache d’orienter discrètement les jeunes dans cette recherche du « mieux être » et d’un avenir qui ne soit pas seulement consumérisme ou bien recherche individualiste d’une meilleure « place au soleil »… en quittant définitivement le village natal, leur culture avec toutes les profondes racines ancestrales. Malheureusement, il faut le remarquer, ce phénomène est en train de se consolider aussi dans les villages plus reculés !
Evidemment, ceux qui abusent de l’alcool ont la tendance à vivre au jour le jour et à se livrer aux mauvais conseillers, aux mauvais amis ou bien à accepter comme normal que l’actuelle « pauvreté » de vie ne peut pas être franchie et dépassée.


13. Avez-vous remarqué un sincère « désir de responsabilité » dans le cœur des adultes de notre paroisse ? Les adultes sont prêts à « accompagner » leurs enfants, main dans la main, à bien affronter leur avenir ?


Un grand travail au niveau d'éducation des familles a été fait dans la dernière décennie dans beaucoup de Missions, dont la nôtre. Oui, bien d’adultes ont compris l’enjeu de l’éducation familiale sérieuse qui ne peut pas être remplacée par d’autres agences qui sont sur le terrain. Bien sur que le travail en synergie entre paroisses et familles reste un atout très important et pas négligeable ! Où il y a des adultes responsables et murs… on trouve une formidable opportunité de mieux aider les jeunes à bien réfléchir sur leur vie, leur avenir et à faire des choix responsables et conséquents ! Depuis des millénaires la « maïeutique », c'est-à-dire l’art d’accompagner, ou mieux… d’accoucher une vie nouvelle, plus épanouie (autrement dit: c'est bien de faire ressortir ce qui de positif et de profondément humain existe déjà dans le cœur de chacun.) Ceci, au niveau éducatif reste toujours le vrai défi à relever dans toute société, communauté chrétienne et donc aussi celle de Bissi-Mafou ! Les jeunes couples sont, de fait, plus sensibles et attentifs à « accompagner » en orientant leurs enfants !


14. Bissi-Mafou est l’une des plus grandes paroisses du Diocèse de Pala. Pensez-vous que la « collaboration responsable » des chrétiens, correspond à la taille de cette paroisse ?


Non, on est bien loin du but à atteindre, mais je ne veux pas tirer la sonnette d’alarme ! Beaucoup de chemin a été fait pendant ces dernières décennies en collaboration avec le Conseil paroissial, le Conseil des Affaires Economiques, les groupes de réfléxion et d'études (au niveau des jeunes, des adultes et aussi des femmes... grâce à ce chemin de synergie qu’aujourd’hui on ne peut plus négliger ! L’évêque de Pala, monseigneur Jean-Claude Bouchard depuis 2001 est en train de « battre le clou » sur la nécessité d’une Eglise adulte et responsable… à laquelle nous tous sommes concernés ; oui, car l’Eglise n’est pas une petite affaire des missionnaires ou de quelques chrétiens généreux, mais de tout catéchumène et baptisé !
A nous donc de s’y mettre avec une passion et une conviction encore plus exemplaires !

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